J’ai rencontré Filbert un jour du mois d’août 2016, en fin d’après-midi. Dans le plus beau parc de Tanzanie, le Serengeti. Au milieu des girafes, des lions et des éléphants. Filbert m’a aperçue le premier, au moment où je descendais de la Jeep. Il a confié au guide combien il me trouvait jolie. Et le guide ne m’a rien dit.
J’ai aperçu Filbert le lendemain, après le safari. J’étais assise devant ma tente, troublée par tout ce que je venais de voir. Il se trouvait à environ trente mètres. Il travaillait. Je suis rentrée et je me souviens avoir dit à la fille qui partageait ma tente qu’un garçon très beau se trouvait sur le camp. Elle n’avait rien vu. Je n’avais vu que lui.
Après trois journées passées sur ce camp et juste avant notre départ, j’ai osé demander à Filbert s’il acceptait de m’aider à porter ma valise. Il a été surpris. Il a souri et il a dit : « Oui ». J’ai demandé un prénom et un nom. Il a griffonné sur un morceau de papier. Nous avons fait un échange. Et je suis partie. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais nous nous sommes écrit durant tous les jours qui ont suivi. Je suis rentrée en France. Et Filbert est resté dans le Serengeti.
Au début du mois de septembre, j’ai repris le chemin de l’école sans me douter que ce voyage et cette rencontre allaient bouleverser ma vie. La Tanzanie et Filbert occupaient toutes mes pensées. Alors je suis repartie en Tanzanie, seule. À deux reprises. Pour retrouver Filbert et continuer de visiter son magnifique pays. Nous avons découvert Zanzibar ensemble. La savane m’avait déjà touchée en plein cœur. Les plages de Zanzibar et les Tanzaniens ont fait le reste. Une année seulement après notre rencontre dans le Serengeti, nous décidions de nous marier à Zanzibar. Seuls, sur la plage de Jambiani.
Durant les deux mois d’été qui ont précédé notre mariage, nous avions sillonné tout l’archipel. Nous étions passés d’un village à un autre, du nord au sud, de Nungwi à Kizimkazi. Et nous avions eu un vrai coup de cœur pour le village et les habitants de Jambiani. Nous étions heureux de pouvoir nous marier sur cette plage, face à l’eau cristalline, sur le sable blanc et doux comme la farine.
Ce fut un petit mariage, loin de nos familles respectives. Mais il reste le plus beau jour de notre vie. J’ai regagné la France peu après. Les histoires d’amour à distance ne sont jamais faciles. Les histoires d’amour tout court, non plus. Mais nous y avons cru. Nous étions sûrement les seuls à y croire. Nous nous connaissions à peine.
Une année plus tard, je prenais probablement la décision la plus importante de ma vie. Je décidais de quitter la France et de partir vivre aux côtés de Filbert, en Tanzanie. Derrière moi, j’ai laissé mon métier d’enseignante, ma famille et mes amis. Nous avons rempli sept valises et je suis partie. Des caméras de télévision ont filmé mon grand départ et le début de notre « nouvelle vie » en Afrique. Nous nous sommes installés à Arusha, dans un petit appartement modeste, à l’entrée des parcs du nord. Nous avons créé notre société de safaris et nos guides sont devenus nos amis.